Lost in Translation : à la croisée des chemins !


Note : 5 sur 7.

A l’occasion des vingt-ans du film, je souhaitai revenir sur ce chef d’œuvre de Sofia Coppola qui reste toujours à l’heure actuelle , un des meilleurs moment de cinéma sur une rencontre éphémère entre deux êtres.

Un curieux voyage dans lequel Sofia Coppola nous invite à contempler deux âmes esseulées qui semblent déconnectés, dans un monde qu’ils ne comprennent plus, au sens propre comme au figuré !

Un film cotonneux, contemplatif, avec une mise en scène épurée mais remarquable dans sa maitrise, notamment avec un travail sublime sur la lumière, le cadre, ou encore la manière de filmer l’urbanité d’un Tokyo comme soupape à leurs névroses.

Au casting on retrouve une toute jeune Scarlett Johannson bien loin de la star que l’on connaît maintenant, qui interprète une jeune femme candide et sincère mais complètement délaissée par son mari, et qui va trouver dans le personnage de Bill Murray un confident hors pair, malgré la différence d’age.

Le Monde Perdu !

Bob Harris (Bill Murray) un acteur en fin de carrière, est en voyage d’affaire au Japon pour tourner une pub commerciale pour le Whisky « Suntory», lors de son séjour dans son Hôtel de Luxe, il fait la connaissance de Charlotte (Scarlett Johannson) une américaine fraîchement mariée venue accompagner son mari photographe à Tokyo.

Entre déambulations d’ennui et allers-retours au Bar, une amitié timide mais complice va bientôt naitre entre ces deux clients de l’hôtel.

Virée nocturne dans le Tokyo branchée et Karaoké enflammé chez les amis, le duo va multiplier les moments volés qu’ils peuvent s’accorder, et retrouver peu à peu un sentiment de fraicheur dans leurs vies grâce à cette amitié.

Une Parenthèse (dés)enchantée ( Full Spoilers )


Sofia Coppola offrira à Bill Murray un rôle taillé sur mesure pour l’acteur de 54 ans à l’époque, en star de cinéma sur la fin de carrière qui utilise son voyage à Tokyo comme prétexte pour fuir sa vie de famille, et préfère faire des pubs au contrat juteux plutôt que performer au théâtre.

Un Bill Murray qui jubile en caricature de lui même, qui joue avec son coté nonchalant dans des scènes devenues cultes comme celle du tournage de la pub avec le réalisateur japonais dans laquelle l’acteur est littéralement “Perdu dans la traduction”, une scène géniale dans laquelle Sofia Coppola à laisser carte blanche à l’improvisation de la part de Murray.

On retrouve même quelques clins d’œils au cinéma de Harold Ramis et par certains aspects une certaine continuité du rôle qu’il avait dans Un Jour sans Fin comme la scène du fax à 4h du matin ou encore celle de la douche trop petite.

Un véritable régal de spectateur de retrouver du Grand Bill Murray dans un rôle qui lui vaudra une nomination aux oscars, un homme complètement cynique,tantôt touchant, tantôt hilarant, le comédien trouve un ton jouissif avec son flegme légendaire et ce regard désabusé qui en dit long !

Bill et Sofia “Lost in a Script”

La réalisation de Sofia Coppola est parfaite avec une mise en scène qui transporte,
un merveilleux moment de cinéma tourné en décor naturel dans un Tokyo électrique, comme avec cette intro ou Bill Murray en Jet-Lag dans le Taxi, qui émerge et se retrouve plongé dans un environnement nippon au néons bouillonnant.

“Un Pur Moment de Relaxation” !


Sur le fond, le scénario remet au premier plan les thématiques de l’insatisfaction, et de la solitude humaine déjà évoquées dans Virgin Suicides , la réalisatrice, et également scénariste, déploie son récit avec subtilité et maintient une certaine tension émotionnelle,
Sofia Coppola nous offre une maestria dans un voyage intérieur et extérieur profond de deux êtres qui font des silences une zone de retrouvaille.

Une Grace Kelly 2.0 !

Scarlett Johansson semble sorti tout doit d’une peinture de Monet, avec un look presque effacée au ton pastel qui vient souligner sa candeur et son trouble avec une grâce et une finesse bouleversante.

Une Scarlett Comme on ne l’a jamais vue !

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La musique qui prend la place d’un troisième personnage, entre deux silences, et qui va mettre des mots sur leur émotions à des moments bien particulier du film, comme avec la séquence du karaoké avec The Pretenders pour elle et More than this de Brian Ferry pour lui.
Une scène forte dans laquelle la caméra joue avec les flous entre Charlotte et Bob, comme pour traduire leurs sentiments respectifs.

Idem pour la scène ou il partage le même lit après avoir regardé la Dolce Vita, et ou les confidences de chacun envers l’autre vont apporter complicité et tendresse à leurs relations.

Bien conscient que ce n’est qu’un moment volé dans leurs vies respectives, et qu’ils devront à certain moment se quitter , la scène finale conclue avec beaucoup de délicatesse et de mystère notamment avec le fameux murmure de la part de Bob à Charlotte,
une scène incroyablement réussi en terme de puissance émotionnelle.

More Than This !


Pour son deuxième film, Sofia Coppola livre un véritable moment de cinéma avec une narration visuelle et une patte cinématographique extrêmement marquée.

Des plans mythiques pour un film d’une grâce folle sur une rencontre improbable.

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Un Hôtel dans un Tokyo électrique, à fois terrain de jeu et purgatoire de leurs névroses.

Une rencontre de deux vision de la vie similaire, un duo qui se complètent dans leurs angoisses et tentent de puiser l’énergie de l’autre.

Vous l’aurez compris Lost in Translation est un incontournable du début des années 2000 avec un Bill Murray au sommet de son art qu’on retrouve caustique et pince sans rire, au coté d’une Scarlett Johannson qui à la droit elle à un rôle plus complexe dans lequel elle joue une épouse effacée devant la carrière de son mari.

Un plaisir pur de cinéma à découvrir ou à redécouvrir, qui ne prend pas une ride , et qui semble dévoiler un peu plus au fur et à mesure qu’on le revoit !

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