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Note : 5 sur 7.

Retour sur un film sorti en 2016, trop souvent méconnu, et qui fait plus que jamais écho au climat de l’Amérique actuelle.

A mi chemin entre Ken Loach et Terence Malick,
American Honey est un Road Trip social qui suit les « laissés pour compte » de l’Amérique représentés par un groupe de jeunes gens en rupture avec la société.

Un film aux allures de quasi documentaire avec en tête d’affiche : Star, une jeune texane de 18 ans en rupture avec sa famille, qui va trouver dans ce nouveau groupe qui vit de fêtes, alcool, et petites arnaques, la liberté qu’elle recherche tant !

American Honey est une ode à une certaine jeunesse américaine à la fois paumée entre un système qui les rejette ( et qu’ils rejettent ), et en même temps prisonnier du capitalisme « modèle » de leur pays.


« Fous toi de tout ! »

Un film qu’on aime ou qu’on déteste car on à pas d’autre choix de se laisser embarquer dans cette vie d’errance ponctuée de moments à la fois magnifiques et malheureux ou l’on est immergé dans ces vastes contrés américaines alternant entre Motel crasseux, maisons cossues des beaux quartiers et station service au milieu de nulle part !

On frôle parfois le film sensorielle tant la réalisatrice Andréa Arnold cadre ses acteurs très serrés comme pour les emprisonner dans leurs conditions mais aussi pour les rassembler en un groupe soudé dans sa fuite en avant à travers les nombreux voyages en Van.

Tout un panel de différentes personnalités typique de l’adulescent américain avec leurs codes, jeux alcoolisés ou « en dessous de la ceinture », de joies , de peines , et de déceptions.

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Le groupe en attente du briefing matinal

Avec toujours cette caméra portée la réalisatrice pose un regard interrogateur, compatissant et sans aucun jugement, sur un mode de vie devenue un mantra, en collant au plus près de la réalité et en enchainant les segments éphémères de péripéties ou de fêtes de ce Road-Trip singulier qui reste une immense cour de récréation pour un groupe de jeunes gens épris de liberté.

Le film soulève de nombreuses thématiques et je dois avouer que des les premières minutes j’ai tout de suite été embarqué.
Les 2h40 de film ne sont absolument pas problématique car malgré le manque d’ambition narrative ou l’aspect répétitif que certains reprochent au film, c’est justement tous ces défauts et ses aspérités qui en font selon moi une œuvre si singulière.

Un constat d’une fracture social qui gangrène les États-Unis depuis un moment, avec des tranches de vie aussi brutes que dans la vie réelle et ou les rencontres fortuites sont tour à tour surprenantes, dangereuses, ou tout simplement inspirantes.

Tout comme ce petit groupe, on ne sait pas ou on va..Et c’est ça qu’est bon !


A Star is Born !

Sasha Lane qui incarne Star crève l’écran et porte presque entièrement le film sur ses épaules avec sa mine angélique et ses attitudes d’effrontés, un personnage écorché vif auquel l’actrice donne une aura magnétique.

le reste du casting est tout aussi excellent, comme Shia LaBeouf dans un des derniers rôles marquants d’une carrière qui à pris l’eau depuis, avec un personnage charismatique et leader de tous ces marginaux qui vit tel un loup ( dont il adore reprendre les codes ) et qui va tomber sous le charme de la jeune Star.

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Krystal et Jake dans un bizness honey-reux

Autres point de discorde pour certains mais que je trouve la aussi parfaitement pertinent c’est l’importance de la musique qui vient appuyer certains moments :

« We found Love in Hopelless place » de Rihanna ( qui revient deux fois ) est comme une soupape de décompression dans les moment rugueux, Tandis que les nombreux Beats-Trap comme « Bounce it » de Juicy j qui reflète parfaitement le paradoxe entre des paroles prônant l’argent, le sexe, et la succes story bling bling américaine typique met en parallèle la condition des désenchantées qui chantent à tue tête dans le van.

A la différence d’un Florida Project ( qui reprend un peu le même contexte) American Honey ne cherche pas à nous plonger dans un drama, le film résume simplement des fragments de vie avec son lot d’inconscience, de joies , de peines, mais en ne s’attardant jamais sur les ressentis des personnages.

Un exercice de style ou les moments éphémères sont sublimés par la mise en scène d‘Andréa Arnold mais qui avec son parti pris très réaliste n’a malheureusement pas su rencontrer son public à sa sortie en salles à l’époque.

Récompensé par le grand prix du Jury à Cannes en 2016, American Honey ne brille certes pas par son scénario mais il n’en reste pas moins tout aussi percutant et captivant de par son propos et son réalisme.
Un portrait ravageur d’une Amérique profonde en marge avec un miroir tendu au contexte actuel qui vous interpellera forcément, Un film incandescent et ensorcelant ou l’on en ressort épris de liberté !

Voir le Film :

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4 Comments

  1. Un regard contemplatif sur un un mode de vie de plus en plus répandu au U.S, un Nomadland de la nouvelle génération

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