Aujourd’hui dans la Reco-Retro on s’attaque au quatrième film de Darren Aronofsky qui est sans doute le plus oublié ( certains diront même oubliable ) de toute sa filmographie !
Il était grand temps de réhabiliter ce film splendide d‘Aronofsky qui est devenu selon moi un incontournable de la carrière du réalisateur, et qui se révèle bien plus profond et captivant qu’il n’y parait !
Darren Aronofsy est un réalisateur qui ne fait pas dans la demi-mesure..
Soit on aime, soit on déteste !
Son cinéma est brutal, percutant, dérangeant, avec des thèmes forts, portés par des acteurs et actrices habités par leur roles, et avec un réalisateur qui s’attache à faire transpirer à l’écran toutes les émotions d’un personnage.
Ces thématiques récurrentes sont souvent les mêmes : Des personnages hors normes qui frôle toutes sortes de limite, en proie aux obsessions et à l’autodestruction.
Sorti en 2008, The Wrestler est à la fois plus modeste dans le scénario et dans la réalisation que ce à quoi le réalisateur nous a habitué jusqu’à la.
Évidemment moins parfait que son film suivant Black Swan, et bien mois impressionnant qu’un Requiem for a Dream, The Wrestler reste un outsider dans la filmographie du réal, mais avec un petit truc en plus qui le rend incontournable et unique en son genre notamment grâce à un ingrédient essentiel : Mickey Rourke !
Requiem for a Dream est un des films les plus malaisant mais pourtant un chef d’oeuvre,
The Whale avait ce coté lugubre et morbide, pas super évident à aborder pour le spectateur et pourtant c’est aussi un film sublime !
Mais avec the Wrestler, Aronofsky réalise une double prouesse !
Déjà en arrivant a articuler un film intimiste sur une discipline sportive aussi décrié et outrancière, mais surtout en allant chercher l’acteur le plus en phase avec cette philosphie du catch, pour effacer doucement la frontière entre le personnage et l’acteur qui l’incarne, et lui offrir sans doute le plus beau rôle de sa carrière
De la Bidoche en pagaille !
Synopsis : A la fin des années 80, Randy Robinson, dit The Ram (« Le Bélier »), était une star du catch.
Vingt ans plus tard, il ne se produit plus que dans des salles de gym de lycées ou des maisons de quartier… Brouillé avec sa fille, il est incapable d’entretenir une relation durable avec quiconque : il ne vit que pour le plaisir du spectacle et l’adoration de ses fans.
Je rassure tout de suite, inutile d’être fan de catch pour pouvoir apprécier le film !
A l’image du ballet dans Black Swan, le catch sert ici uniquement de point d’ancrage au personnage et utilisé de manière purement scénaristique.
Naturellement, on à tout de même droit à quelques combats qui retranscrivent parfaitement l’adoration totale du public américain pour qui le catch est une religion, mais aussi celle du dévouement sans limite de ces participants pour qui leur passion est devenue un mode de vie et qui rivalisent d’idées toutes plus déjantés les une que les autres pour s’affronter sur le ring ( mention spéciale pour le pistolet à agrafes ).

Aronofsky creuse à fond et sans rajouter de fioritures les coulisses de ce sport qui à longtemps contenus un tas d’idées reçues et de fantasmes avec cette séquence ou l’on suit le briefind d’avant match de chaque groupe de catcheurs, peaufinant au mieux leurs scénarios respectifs pour leurs shows en préparant l’enchainement des coups :
« moi j’arriverai à droite, a ce moment la tu prend ma jambe, puis toi tu arrives pour m’éclater la tête a coup de chaise , etc… »
A la manière d’un documentaire, dépouillé de toutes artifices, on découvre des profils d’hommes différents tous habités par cette même passion, toujours à la recherche de la prise ou de la technique de combat la plus originale et la plus jouissive pour le public, et avec une telle dévotion et un tel respect entre ses colosses fragiles que ca en devient touchant.
Bélier au grand coeur !
A fois captivante et intimiste la caméra d’Arononfsky est constamment collé à Mickey Rourke et à ce corps qui porte les stigmates des douleurs passés.
Une montagne de muscles qui deviennent lourds, meurtris par les séances d’U.v et les cicatrices d’une carrière de catcheur.
Randy The Ram Vieillissant et déclinant, est désormais obligé de se piquer aux hormones, de porter des lunettes et autres appareil auditifs, mais surtout il va devoir se confronter à son plus grand combat : reconquérir le cœur de sa fille, lui qui à rejeté autrefois sa famille et se retrouve maintenant à son tour rejeté..
👉Section Spoilers
un scénario aux allures de chemin de croix, sublimé par une réalisation à la fois crue et impactante comme avec la séquence du retour aux vestiaires de Randy en sang de la tête aux pieds et ou l’on va découvrir au fur et à mesure, à quoi chaque blessure correspond à coup de flash backs.
Une scène éprouvante et marquante avec un Mickey Rourke d’abord épuisé physiquement en récupérant difficilement d’un combat complètement dingue qui donne la mesure jusqu’où sont prêt a aller les catcheurs pour satisfaire une foule en délire !
Mais aussi moralement avec un Randy qui s’effondre en larmes à l’abri des regards, complètement éreinté de cette vie de violence, certes voulu et un minimum dirigé, mais qui reste trop difficile a supporter.
Le parallèle entre Mickey Rourke et son personnage est plus qu’évident lorsqu’on se penche un peu sur la vie de l’acteur.
Lui aussi a connu de grosses périodes de déchéances dans sa carrière après a voir connu la gloire du jeune premier à l’avenir radieux dans les années 80 avant que ses démons et obsessions le rattrape.
Lui aussi à connu l’univers et les codes qui gravitent autour des sports de combats en ayant eu une courte carrière de boxeur professionnel, et lui aussi a fait un comeback des années plus tard en mettant toutes ses tripes et son vécu.
Un personnage qui, associé à la figure de Mickey Rourke, donne un résultat bouleversant d’authenticité, un combattant prêt a mourir sous les hourras de la foule réclamant sang et violence, tel un gladiateur des temps modernes.
Les larmes sont vrais et la sueur aussi, Mickey Rourke s’ouvre a nous et donne tout a travers ce personnage d’épave musclé incroyablement touchant !
Une évidence à l’écran marqué par cette gueule boursoufflé et ces cheveux longs, une relique des années 80 qui écoute du AC/DC et Motley Crue.
Une vie de souffrance physique et morale qui font de ce personnage un être tantot bestial quant il est sur la ring, ou tantot bouleversant quant il essaye désespérément de se rapprocher de sa fille.
The Wrestler est une tranche de vie hors nomes sublimé par l’interprétation d’un Mickey Rourke qui ne joue pas…mais devient Randy le Bélier.
Avec une photographie granuleuse et une bande son teinté de classique rock 80’s, on rentre très facilement dans un film à l’aspect documentaire sublimé par un scénario puissant à bien des niveaux.
Ce n’est peut être pas le film le plus parfait d’Aronofsky, mais il reste incontestablement un des plus puissant et bouleversant si vous aimez le genre drame intense et solitaire, avec une performance d’acteur qui vaudra à Mickey Rourke un Golden Globes entièrement mérité et qui reste à ce jour probablement son plus grand rôle !
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