Sucker Punch : Le féminisme selon Snyder !

A l’occasion de la sortie de la Bande Annonce de Rebel Moon qui sera disponible sur Netflix le 22 Décembre 2023,
je souhaitai revenir sur un des premiers films de Zack Snyder, peut être pas son plus grand chef d’œuvre, mais un film qui est injustement mal-aimé selon moi, par rapport à un 300 ou encore Watchmen dans la carrière du réalisateur.

Sucker Punch mérite vraiment qu’on s’y attarde car il a toujours été, selon moi ,un film #metoo avant l’heure puisque sorti en 2011, un film qui rend compte comment l’objectification des femmes peut être malsaine.

Que l’on aime ou pas Snyder, une chose est sure, on ne peut pas lui enlever le fait que c’est un véritable artiste qui pense énormément en amont ces projets, avec une vision précise tant au niveau de l’univers de ces histoires, que sur la réalisation en elle même.

Ce que j’aime particulièrement dans ce Sucker Punch et qui déplait tant à d’autres,
c’est que l’on retrouve quantité de références diverses et variées qui sont chères au réalisateur comme : la pop-culture , les mangas et même l’Heroic Fantasy, tout en y mêlant une histoire brute, crue et très encrée dans une réalité !

Sweet Dreams !!

le film démarre sur une scène tragique puisque l’on suit une jeune fille qui vient de perdre sa mère et dont le beau-père tente de faire interner pour pouvoir détourner l’héritage à son avantage.

Une scène sans paroles , aux allure de clip, avec une assez belle reprise du morceau des Pixies : « Where is my mind », tout en narration visuelle qui marque la rétine et l’oreille, et va donner un aperçu de la patte graphique tout au long des 2h de film.

On retrouve cette jeune fille : Baby-doll internée avec d’autres filles comme elle, et qui va élaborer un plan pour pouvoir s’échapper de cette institution qui cherche à la lobotomiser.

le film va, par la suite, complètement adopter le point de vue de Baby-Doll qui va transformer sa réalité morbide en fantasme de spectacle dansant.

Entre séduction et pulsion de mort !

On nage entre cabaret et maison close des années 50, avec spectacle de danse lascive au programme pour riches et puissants libidineux.
Au cour de ces danses que l’on ne verra jamais, la jeune patiente nous plonge dans un monde imaginaire en utilisant la musique comme catalyseur pour basculer de la réalité au rêve, chaque fois différents suivant les enjeux.

Et la c’est à ce moment la que la magie Snyder opère !


Tout son univers et sa patte graphique sont réunis dans ses séquences qui nous emmène tantôt dans des tranchées allemandes en 1917 avec des espèces de techno-nazis ,
et par moment dans un immense temple du Japon féodal avec samouraïs géants de pierre pour des combats au sabre.

Toutes ses séquences sont un concentré du savoir faire de Snyder avec des ralentis, changement d’angle, de focal, plans séquences, c’est un festival de mis en scène qui cherche à sublimer l’action quitte à frôler l’exagération….Mais qu’est ce que c’est jouissif !!

Si les séquences de Danses/Fantasmes démarrent du point de vue de BabyDoll incarnée parfaitement par Emily Browning, le reste du film donne de la place pour tous les autres rôles féminins notamment le reste de la bande constituée de 4 autres “Bad-ass Girl” qui jouent toutes un véritable rôle dans une quête de vengeance et de liberté.
On retrouve aussi Carla Gugino qui avait déjà collaborée avec Zack Snyder sur Watchmen, et que l’on retrouve ici en mi-psychiatre/mi-Madame Claude, et également un tout jeune Oscar Isaac qui incarne un Infirmier/Bourreau, parfait dans le rôle.

Snyder ne nous sort pas encore la grosse artillerie comme des Watchmen ou BvS, mais on sent clairement le potentiel de mise en scène avec plans et photos sublimes dans des tons très “comics books”.

sucker_punch_img_article2

L’iconographie et le style de Snyder deviendra vite reconnaissable et Sucker Punch fera vraiment partie de ses premières œuvres indépendantes qui à su enfoncer le clou selon moi !

Plus un état d’esprit…Qu’une époque ! 

Ce qui est sur c’est que le film n’a vraiment pas pris une ride pour l’avoir revu il n’y a pas si longtemps !
Les effets visuels, la photographie,la mythologie mise en place, le montage vitaminé lors des scènes d’actions…Le film pulvérise 80% des Blockbusters actuels !!

Et en plus de la forme , il y a donc le fond avec un sujet lourd : la santé mentale d’une jeune femme coincée au sein d’un système patriarcal qui va tout faire pour la faire chuter !

Alors certes , le film n’est pas à 100% parfait !
On à le droit à quelques incohérences scénaristiques qui peuvent faire tiquer, des soucis avec le montage aussi, mais la vision, la mise en scène et l’univers graphique sont tellement forts , qu’on parvient à vite oublier les petits problèmes de scénarios.

On peut noter aussi une incroyable bande originale…absolument remarquable !
Des sonorités très rock, pop,mais également des réorchestrations de grands classiques qui collent parfaitement à l’univers du film.


Bouillie visuelle ou coup de génie ?!

Alors Oui….le film est loin d’être subtil et manque de finesse , mais Sucker Punch est un des films du réalisateur que j’affectionne le plus notamment par son aspect “musical” qui colle très bien au sujet et permet au film d’offrir des séquences magnifiques, c’est également un des seuls films de Snyder qui n’est pas une adaptation mais bien une œuvre originale puisque il est ici également producteur et scénariste.

J’entends ceux qui ne supporte pas les allers retours entre la réalité et les rêves dans le film,
et en le revoyant récemment , certes c’est beaucoup moins abouti qu’un 300 ou que la Snyder Cut de Justice League par exemple.

Mais pour moi, toute la mythologie de Snyder se retrouve concentrée durant les 2 heures de film, avec multitudes de références ultimes à l’héroic fantasy, le steam punk, le manga, les robots/méca, les dragons, le jeux vidéo….Bref Un gigantesque fourre tout qui à première vue peut paraître un peu casse gueule.
Pourtant pour un de ses premiers long métrage, le film démontre déjà une certaine maitrise de la part de Snyder et un univers très marqué visuellement.

Au niveau du casting, Snyder n’a (comme toujours ) pas fait les choses à moitié !
Pour preuve tout le cast féminin du film à du s’entrainer pendant des mois à des séances de combats rapprochés, à l’arme blanche , au tir , à la pole-danse, toute l’équipe s’est complètement investie, et ca se ressent !

sucker_punch_img_article.png

Le film réunit tous les ingrédients de la “recette Snyder” qui caractérisera toute la filmographie à venir du réalisateur.
Malheureusement le film n’a pas du tout rencontrer son public à sa sortie, et à reçu un très mauvais accueil critique et publique notamment du à certains qui trouvaient que l’iconographie des rôle féminins étaient une vision misogyne du film.
Vision que personnellement je n’ai jamais compris…C’est même pour moi, tout le contraire !

Section Spoilers :
Plusieurs théories courent sur la fin du film :
– Pour certains Babydoll ne serait qu’une vision de Sweet Pea pour qu’elle arrive à s’échapper !
– Pour d’autres tout le film est une interprétation de Babydoll juste avant de se faire lobotomiser. Une deuxième hypothèse que personnellement je trouve la plus crédible!

Et vous ? Qu’en pensez vous ?
On en parle dans les commentaires !
Fin de la section Spoilers

Il existe une version director’s cut disponible en Blu-Ray avec 20min de plus dans lesquels les relations entre Baby-Doll et ses Sœurs d’armes sont beaucoup plus développées notamment la partie avec le High-Roller, et ou la violence graphique est bien plus intense !

Sucker Punch est à voir ou à revoir, et même encore maintenant la magie fonctionne toujours autant,
Encore plus avec l’édition 4K qui sublime encore un peu plus la photographie de Snyder.
Si vous avez été fan de la Snyder Cut, BvS ou encore Watchmen, vous allez prendre votre pied, sans aucun doute !

Voir le film :