Aujourd’hui on retourne en 1998 avec une Reco-Retro ancrée dans la réalité d’un pays !
Réalisé par le britannique Tony Kaye,
American History X est une plongée dans l’univers de l’idéologie radicale Nazie à travers une famille de la classe moyenne américaine que l’on va suivre sur plusieurs périodes en s’intéressant au fils ainé interprété par Edward Norton,
un rôle puissant qui lui vaudra une nomination aux Oscars.
Une réalisation proche du Docu Fiction qui lui donne un coté authentique et qui colle parfaitement avec le propos, avec ses flashbacks en noir et blanc et son propos percutant on plonge tout de suite dans un monde de violence ou l’idéologie et la propagande passent avant tout !
Une approche trop simpliste pour certains, un propos survolé pour d’autres…Pour ma part American History X est clairement sous coté et reste encore aujourd’hui un des films les plus percutants traitant du racisme et de l’extrémisme aux États-Unis.
Un film qui malheuresement reste plus que jamais d’actualité avec le contexte politique aux U.S.A et la réélection de Trump.
La Graine du Mal !
Synopsis : L’histoire de Derek qui, voulant venger la mort de son père, abattu par un dealer noir, a épousé les thèses racistes d’un groupuscule de militants d’extrême droite et s’est mis au service de son leader Cameron Alexander.
La principale force du film c’est qu’au delà du parcours de cet homme basculant dans l’idéologie Nazie, on est constamment ramené à échelle humaine avec le portrait d’une Amérique fracturée par le prisme d’une famille de la classe moyenne américaine qui l’est tout autant !
Un dosage subtil entre une parfaite direction d’acteurs et une écriture des personnages tous parfaitement caractérisés avec dans le rôle titre un Edward Norton métamorphosé en Leader Skinhead tout en muscles.
A ses cotés on retrouve aussi Edward Furlong en jeune frère vénérant son ainé, qui aurait mérité lui aussi d’être nommé aux Oscars pour sa prestation tout aussi intense et bouleversante.
Le personnage de la sœur Davina est aussi très intéressant en apportant la nuance et en restant la voie de la raison de la famille qui va tenter de résonner ses frères a travers plusieurs échanges houleux et déchirants.
Malgré un sujet aussi lourd et délicat à traiter le scénario ne tombe jamais dans un postulat trop manichéen et se place constamment à hauteur d’homme en détaillant les moments charnières de la vie de Derek, et en développant habillement tout son processus d’endoctrinement initié par la tête pensante du mouvement Néo-Nazi le très sympathique Cameron Alexander interpreté par la légende Stacy Keach.
Un homme au sourire carnassier, pour qui la faim justifie toujours les moyens, raciste décomplexé hors pair, et qui va voir en Derek son parfait « produit » et l’amener à se réfugier peu à peu dans l’extrême.
La Haine attire la Haine !
Sans faire de parallèle évident on pense évidemment à La Haine sortie quelques années avant et qui résonne dans American History X , naturellement le contexte et l’approche sont radicalement différents mais on peut y trouver quelques similitudes dans la forme déjà mais aussi sur le message plus global du film et la conclusion des deux films qui résument parfaitement le propos sans tomber dans le moralisme bas de gamme.
Sur la forme on oscille tout au long des 2h de film entre caméra à l’épaule façon reportage et stylisation Hollywoodienne ce qui permet au film de souffler le chaud et le froid et de le scinder en deux parties à l’image des deux facettes de Derek.
La deuxième partie qui se déroule en prison est certes un peu plus faible scénaristiquement mais constitue un passage essentiel de l’évolution de Derek qui permet de confronter le personnage face à ses propres contradictions.
Si vous n’avez jamais vu ce petit chef d’oeuvre , je vous recommande de vous jeter dessus pour tenter de mieux comprendre comment une jeunesse endoctrinée peut faire basculer la conscience morale d’un pays !
26 ans après American History X est plus que jamais le reflet d’une certaine Amérique de la classe moyenne, et qui est malheuresement encore plus d’actualité au vu du contexte.
Voir le Film :
